Les catacombes de Lamta

Publié le : 28-10-2020
Un cimetière antique souterrain a été découvert à Lamta, près de Monastir. Un témoignage rare sur la vie des premiers chrétiens.

Sous cinq mètres de terre, non loin de la mer, à l’emplacement de la cité antique de Leptis Minor, reposent de magnifiques tombes chrétiennes antiques recouvertes de mosaïques
Ce site en partie fouillé ne peut pas encore être visité. Mais il apporte un nouveau regard sur la vie des premiers chrétiens en Tunisie.

La chaîne Radio Monastir vient d’y consacrer un beau reportage.

Les catacombes de Lamta sur Radio Monastir (en arabe) :

La Tunisie a été une des premières terres où le christianisme s’est développé dans la partie ouest de la Méditerranée. Saint Augustin d’Hippone est né en Afrique romaine en 354 : c’est justement de cette époque que datent les tombes de Lamta.
A cette époque, le terrain était rare autour des grandes villes. Aussi on était souvent obligé de creuser sous les cimetières des salles souterraines pour y enterrer les nouveaux morts : les catacombes



Une incroyable découverte 

Tout a commencé en 1999 quand une équipe de fouilles est venue sur ce terrain procéder à des sondages.
Un vieux maître-maçon, s’adressant au responsable, lui a signalé alors une maison qu’il avait construite autrefois. Sous une des fenêtres, disait-il, il avait remarqué des vestiges…
C’est donc à l’endroit indiqué que l’équipe a creusé. La première tombe trouvée était celle d’une femme appelée Restuta. Et près de cette tombe, un escalier qui semblait mener à un sous-sol !



Il a fallu une nouvelle mission de fouilles, en 2005, avec des chercheurs américains et canadiens, pour creuser à nouveau, cette fois loin de la maison qui risquait de s’effondrer.
La découverte était de taille. Dix-sept tombes ont été dégagées ; selon Nejib Belazreg, chargé de recherches à l’Institut national du patrimoine, il pourrait y en avoir au total 80.
Intactes, elles sont encore recouvertes de leurs magnifiques mosaïques.
Parmi les noms inscrits sur les tombes, plusieurs sont d’origine grecque – Eolius, Tripolius – mais écrits en lettres latines. 
Il pourrait donc s’agir d’une famille grecque romanisée, installée depuis longtemps en Tunisie, et qui possédait son propre cimetière. Une famille assez riche pour aménager à ses frais un tel cimetière souterrain.



On trouve aussi une mosaïque représentant Orphée, le héros musicien de la mythologie grecque.
Sur certaines tombes figure le portrait du défunt, avec son costume de l’époque et même ses tatouages ! 



Les tombes portent des symboles chrétiens comme la croix et de vieux symboles associés au Christ : “l’alpha et l’oméga”, le “chrisme”. 



(Les images sont extraites de l’émission diffusée le 18 octobre 2020 sur Radio Monastir)

De telles tombes couvertes de mosaïques existent d’habitude dans les églises antiques ; ce sont des tombes d’évêques ou d’hommes d’église. C’est pourquoi aujourd’hui encore, ce site est appelé par erreur “l’église de Lamta”.

Leptis Minor est un vaste site qui s’étend sous la ville actuelle. Une petite partie était déjà fouillée : on peut y voir un petit Musée (actuellement en travaux) et quelques vestiges des anciens Thermes.
Si de nouvelles fouilles sont entreprises à Lamta, elles permettront de montrer au public un document exceptionnel sur les chrétiens de Tunisie, une des plus grandes communautés chrétiennes de l’Antiquité. 
A seulement 30 km de la médina de Sousse et 15 km du Ribat (forteresse médiévale) de Monastir, nul doute que Lamta, qui possède aussi un petit Ribat, pourrait devenir alors une des plus belles étapes culturelles de cette région. 

Guillemette Mansour



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