Le site de Haïdra

Publié le : 18-11-2019

Niché dans les montagnes de l’Ouest tunisien, le site archéologique de Haïdra possède les vestiges d’une des plus grandes forteresses byzantines du Maghreb.

La Tunisie a été rattachée à l’empire byzantin durant plus d’un siècle, de 533 à 645 ap. J.-C.
Les Byzantins ne disposaient pas d’une grande armée sur place ; aussi ont-ils couvert le pays de forteresses pour mieux le contrôler.

La plus grande était celle de Haïdra près de Thala, dans l’Ouest tunisien : elle mesurait 200 mètres sur 110, avec une muraille de 10 mètres de hauteur et plusieurs tours rondes ou carrées.

Parmi les fortifications byzantines de Haïdra, on trouve aussi un ancien arc de Triomphe romain, transformé en bastion. C’est l’Arc de Septime Sévère (197 ap. J.-C.), un des plus beaux monuments du site. 


Ammaedara, ville romaine

En effet, il y avait là une ville antique fondée par les Romains.
Sous le nom d’Ammaedara, c’était une ville entièrement nouvelle, sortie de terre au début de l’empire (1er siècle av. J.-C.) pour héberger le camp permanent de l’armée d’Afrique (la “IIIème Légion Auguste”).

L’emplacement choisi était sur une route d’importance stratégique, celle menant de Carthage à Théveste (aujourd’hui Tébessa en Algérie).
Ammaedara marquait ainsi le nord-ouest du “Limes” romain en Tunisie – une sorte de frontière fortifiée ou de zone tampon destinée à contrôler les déplacements des nomades du Sud.
Plus tard, cette Légion a été transférée à Tébessa, et la ville est devenue une simple colonie pour légionnaires retraités.

Parmi les vestiges de Haïdra, on peut voir plusieurs mausolées romains ainsi que les tombes de ces légionnaires, dont certains venaient de Gaule ou d’Italie.


Vandales et chrétiens

Avec l’avènement du christianisme puis l’invasion vandale (430 ap. J.-C.), Ammaedara a été dotée de plusieurs églises dont on peut voir les ruines.
Dans cette époque troublée, plusieurs cultes chrétiens différents sont apparus et se faisaient concurrence.
Ainsi, l’une de ces églises abrite des tombes de Vandales : ces derniers étaient adeptes de l’arianisme, doctrine chrétienne opposée au catholicisme (de même que les Goths, les Francs et autres peuples germaniques qui avaient envahi l’empire romain).
On trouve encore sur le site les restes de différents monuments comme les thermes, le capitole ou le théâtre.
Un petit musée présente d’intéressantes mosaïques. L’une d’elles figurait Ulysse attaché au mât de son bateau, comme la célèbre mosaïque exposée au musée du Bardo à Tunis ; mais il n’en reste que quelques fragments.

Tout autour du site s’étend un majestueux paysage de montagnes et de plateaux.
Pour une vue encore plus insolite, visitez-le en hiver : il est parfois recouvert de neige.

Guillemette Mansour



Lire aussi :
Aïn Tounga, une petite Dougga
Neige et montagnes dans le Nord-Ouest tunisien

Vidéo : Quand la Tunisie était chrétienne



Photos © MCM / Imed Dhaouadi

Nos partenaires